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    Nicolas Horvath, le pionnier

    Vous ne le connaissez peut-être pas encore, pourtant Nicolas Horvath a été et est de toutes les grandes aventures musicales de ces derniers décennies. Vous ne le connaissez peut-être pas parce que justement, il y était avant tous les autres. Le pianiste Nicolas Horvath est un pionnier. Il a joué Philip Glass, tout Philip Glass, avant que ce dernier ne s’avère incontournable. Il a ressuscité les oeuvres de nombreuses femmes compositrices, et ce avant tous les autres. Il a aussi suscité des collaborations aussi improbables qu’inventives avec les noms mythiques du dark ambient à l’instar de Lustmord, ou avec un artiste comme Terry Riley à une époque où ceux-ci étaient totalement inconnus en France. Nicolas Horvath a aussi inventé de nouvelles formes scéniques. C’est lui qui a initié les premières « nuits Philip Glass » ou « nuits Erik Satie » qui furent des triomphes lors des nuits blanches de la Philharmonie de Paris. Il est aussi un défricheur impénitent de répertoires, hantant les bibliothèques, dévorant les partitions, retrouvant ou redécouvrant les œuvres inédites des compositeurs du grand répertoire.

    « Je voulais faire du piano, c’était non négociable »

    Sa trajectoire musicale commence dès l’âge de trois ans, lorsqu’il rencontre le piano dans l’hôtel-restaurant monégasque où son père travaille :

    « un premier choc » pour celui qui ne quittera plus cet instrument. Quelques années plus tard, ses parents l’inscrivent à l’Académie musicale de Monaco, où il poursuivra sa scolarité pianistique. L’enseignement y est gratuit : une aubaine pour celui qui a grandi dans une famille aux revenus modestes. « Ma mère voulait que je fasse du saxophone, elle trouvait cela très romantique. Mais moi, je voulais faire du piano ou de l’orgue. C’était non négociable ». Chez lui, il écoute en boucle, sur des cassettes, les grands classiques qu’il rejoue à l’oreille sur les touches de son piano. Repéré par le grand Lawrence Foster lors d’un concours de l’Académie, il obtient une bourse qui lui permettra de participer au prestigieux Aspen Music Festival and School aux États-Unis. « C’est en revenant que je me suis dit que je voulais en faire mon métier. »


    De Cortot à la musique électro-acoustique

    Jeune adulte, Nicolas Horvath monte à Paris pour étudier à l’École normale de musique. Mais c’est sur la scène expérimentale parisienne qu’il se révèle : il intègre des groupes de métal, où il troque son piano contre la basse et les claviers, et crée son propre groupe de dark ambient qu’il baptiste Dapnom. « Cela me plaisait beaucoup parce que c’était des sons abstraits, on était loin du piano. C’était un monde complètement libre : il y avait peu d’histoire donc tout était encore à créer. » Un premier pas de côté qui marque les balbutiements du parcours singulier qui sera le sien. Il quitte finalement Cortot pour étudier le piano auprès de l’un de ses idoles : Bruno Leonardo Gelber. Trois années de travail acharné à l’issue desquelles il décroche le premier prix au concours Scriabine. S’ensuivront une série de récompenses internationales dont le 4e prix du concours d’Osaka et le 1er prix au concours Luigi di Nono. Ces années sont aussi celles des cours d’électro-acoustique au conservatoire du 19e puis à Pantin dans la classe de Christine Groult. « C’est grâce à elle que je me suis rendu compte qu’il y avait plein d’œuvres de compositeurs vivants qui n’étaient jamais jouées. » De cet enseignement, naît l’envie de découvrir et de faire découvrir la musique de son époque. Un cheval de bataille qu’il n’abandonnera jamais plus. « À chaque concert, je m’étais fixé de programmer 30% de créations ».


    Pianiste explorateur

    Aujourd’hui, s’il propose des concerts dédiés au grand répertoire, le pianiste continue son chemin exploratoire. Il convie régulièrement des poètes, des peintres ou encore des clowns, à partager, avec lui, les scènes du monde entier. Il imagine aussi des récitals libres où il mêle les classiques – Chopin, Lizst… - à la pop culture et la musique de création. Il y fait résonner, entre autres, ses transcriptions des bandes originales des Miyazaki et des jeux vidéo : deux passions héritées de son enfance. « Quand j’étais petit, j’étais vraiment ce qu’on appelle un hard-gamer. Quant aux Miyazaki, je les ai presque tous vus au cinéma». En 2023, il enregistre un double-album des musiques des studios Ghibli, qu’il avait données en concert un an plus tôt. « Jamais, je n’aurais imaginé faire un concert pareil. C’était comme un cadeau.» Fervent défenseur du répertoire contemporain, Nicolas Horvath crée en 2021 son propre label « Nicolas Horvath Discoveries », dédié aux portrait musicaux de compositeurs et de compositrices actuels, de la musique expérimentale au néo-tonal. Il anime également depuis 2022 l’émission « Musiques actuelles » sur Fréquence protestante.


    En 2026, Nicolas Horvath renouera avec ses premières amours en produisant un album en collaboration avec Neige, fondateur du groupe de métal Alcest. Ce nouvel ensemble a rencontré un franc succès au Prophecy Fest (Allemagne). Parmi ses projets futurs également, Le Dernier cycle pour piano de Terry Riley et, dans un autre registre, l’enregistrement de 365 chorals de Bach. « Cela faisait longtemps que je voulais faire du Bach. Je l’admire énormément ». Des projets à l’image de ce musicien insatiable, que vous croiserez peut-être en festival ou dans des salles parisiennes. Tendez l’oreille et laissez-vous porter par ses répertoires inconnus qui seront, sans doute, les grands succès de demain.

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